Sculpture

Autoportrait

Marc CHAGALL

En collaboration avec Lanfranco LISARELLI

  • N° S-5
  • circa 1952
  • Bas-relief
  • Marbre de Carrare blanc
  • 39,5 x 40,5 x 7 cm
  • Signée Chagall MArc en bas au centre
  • Musée national d'art moderne, Paris, France

À travers ce bas-relief en marbre, Chagall sculpteur se représente en peintre de profil au centre d’une forme circulaire solaire, comparable à un médaillon. Le visage de l’artiste se détache de l’ensemble de la composition, aux cercles répétés, grâce à un jeu de volume induit par l’évidement de matière.
Il n’est pas étonnant que Chagall, qui pratique la sculpture depuis le début des années 1950, réalise un Autoportrait sculpté dès 1952 puis un second, plus tardivement, en 1968-69. L’autoportrait occupe en effet une place prépondérante dans son œuvre graphique et peint, et ce, depuis le début de sa carrière, l’un des plus célèbres étant Autoportrait aux sept doigts (1912 - 1913). L’artiste s’y représente, une palette à la main et par une mise en abyme, devant le tableau À la Russie, aux ânes et aux autres (1911). Marc Chagall s’éloigne de la mimêsis, d’une ressemblance parfaite, préférant dessiner ou graver, comme sur cette sculpture, des traits permettant de l’identifier et devenus des éléments iconographiques récurrents au rendu décoratif : un long nez, une chevelure ondulante et des yeux oblongs.
Les multitudes d’autoportraits et le recours à son image, ici rajeunie, révèlent un questionnement perpétuel sur son identité et son statut de peintre. Ses attributs tels que le chevalet, la main tenant la palette et les pinceaux ainsi qu’une figure féminine, probablement la muse ou le modèle, entourent son profil et révèlent son attachement à la peinture1. Sa pratique d’autres techniques, comme la sculpture, la céramique ou encore le vitrail à partir des années 1950 puis 1960, lui permet, grâce aux allers-retours et aux dialogues entre les media, d’enrichir sa pratique picturale et ainsi dépasser la « crise de la peinture contemporaine2 ».
Cette forme circulaire si particulière, la figure de profil et ses boucles très stylisées, rendues grâce aux nettes incisions dans le marbre, font écho aux pièces de monnaie antiques aux effigies impériales, évoquent les tondi italiens et inscrivent plus largement l’œuvre dans la tradition du portrait en médaillon3. Le choix de cette matière, pierre utilisée depuis l’Antiquité, donne un caractère intemporel et noble à la pièce. Certes, le créateur se représente lui-même, mais il rend surtout un formidable hommage à la création et à la peinture en célébrant la figure de l’artiste.

Q.V.
1Ambre Gauthier, « Les zigzags et les courbes de l’esprit : voyage incessant entre la peinture, la céramique et la sculpture », in Chagall : sculptures (cat. exp., Nice, Musée national Marc Chagall, 27 mai-28 août 2017), Paris, Réunion des musées nationaux, 2017, p. 17.
2Chagall : sculptures, op. cit., p. 62.
3Ibid., p. 62.

Mots-clés :

Autoportrait, Peintre

  • Autoportrait, circa 1952, Sculpture de Marc Chagall

    Marc CHAGALL, en collaboration avec Lanfranco LISARELLI, Autoportrait, circa 1952, marbre de Carrare blanc, 39,5 x 40,5 x 7 cm, Musée national d'art moderne, Paris © Fabrice GOUSSET/ADAGP, Paris, 2024